DERRIÈRE LA PORTE

Une pièce écrite par Laure Barbotte

Après un premier court-métrage, réalisé au sein du collectif OA, Je suis Enchanté, Prix du public au Festival Nikon 2017, la compagnie M PACT monte sa première pièce de théâtre Derrière la Porte. Aux frontières du rêve et de la réalité, ce spectacle vous plonge dans le périple d'Hugo, jeune auteur en mal d'inspiration.

Les origines

Hugo soulève une main au dessus de la page blanche et prend une profonde inspiration.

Ca va venir…Mais si, ça va venir…

Ca ne vient pas.

Sa tête est vide d’idée mais remplie de doutes. Si seulement les ricanements dans le fond voulaient bien s’arrêter, il arriverait peut-être à se concentrer. Mais d’ailleurs qui peut bien ricaner puisqu’il est seul dans sa chambre ?

Et pourtant la Porte s’est de nouveau ouverte. A bien y réfléchir, il sent bien qu’il n’est pas vraiment seul.

Hugo masse longuement son visage entre ses mains. C’est encore son esprit qui lui joue des tours, il a rêvé sans doute. Ne pas regarder en direction de la Porte. Surtout ne pas regarder. Soudain, il se lève et la referme violemment.

C’est bien simple, pour recommencer à écrire il faut trouver ce satané fauteur de trouble.

L'histoire d'Hugo ne parle pas seulement d'un auteur en quête d'idée, elle parle de notre besoin à tous de croire en ce que nous faisons. Hugo est à notre image, et à celle des comédiens, à l’image de nos parents, et de nos amis, à l’image des techniciens qui nous accompagneront, et des spectateurs qui viendront suivre son histoire. A l’image de l'artisan, comme à celle du PDG d’entreprise, la création est partout, et le doute qui l’accompagne nous habite tous.

L'insipration est ici à prendre au sens large. Mais d'ailleurs d’ou vient-elle ? De quels obscurs couloirs laisse-t-elle arbitrairement s’échapper nos idées ? Et sont-elles vraiment perdues, ces heures passés à la chercher ? D’ailleurs est-elle seule en cause ? Quelle curieuse gymnastique du coeur nous donne un jour la confiance d’un Victor Hugo s’imaginant déjà entrer au Panthéon, pour nous laisser le lendemain amers et désespérés de ne jamais parvenir à rien, déchirant avec rage ces même lignes qui nous avaient rendu si fier la veille.

Note d'intention

Le caractère profondément confus, troublant et angoissant de l’introspection, a naturellement poussé la metteuse-en-scène à envisager tout un univers aux inspirations expressionnistes. Rien n’est droit, rien n’est lisse dans le monde de Derrière la Porte, à l’image de ces décors cinématographique et picturaux de l’Allemagne d’avant guerre, portes, tables ou chaises seront le reflet même de la subjectivité d’Hugo. Agrandis, déformés par sa propre réalité émotionnelle. Faits de tous ces objets qui habillent son quotidien. Ainsi le chambranle de la porte n’est rien d’autre qu’une succession de livres empilés les uns contre les autres; une arme: une simple feuille de papier découpée; le bureau : un enchevêtrement d’objets entassés depuis des jours dans la chambre de l’écrivain.

Les jeux de lumières viendront accentuer cette ambiance onirique et absurde. Hugo sera successivement plongé dans une osbcurité anonyme et réconfortante, puis aveuglé par une llumière éxentrique et criarde, enfin isolé et cruellement exposé aux yeux des moqueurs.

Les changements brusques d’ambiance, tant visuels que musicaux, contribueront à créer cet univers inquiétant et sans logique apparente. Certains personnages seront successivement baignés de lumière ou plongés dans l’obscurité. Certains s’exprimeront d’une voix calme et douce, d’autres d’une voix tonitruante ou grandiloquante.

Beaucoup enfin sortiront de cette porte, point culminant des humeurs d’Hugo, placée au centre de la scène. A chacune de ses ouvertures, elle laissera s’échapper de puissants rayons lumineux, animés par d’incessants jeux d’ombre, comme si d’étranges silhouettent s’agitaient en permanence juste derrière, prêtes à bondir.